Ces 3 enseignements clés de la Régate et des phases de Pétole pour traverser une crise comme le COVID

Il y a un moment particulier en régate que connaissent bien tous les marins et régatiers chevronnés, c’est les phases de pétole. Soudain le vent tombe sur le plan d’eau. Plus rien, les voiles battent par manque de vent et les spis se dégonflent. Le grand calme, le grand blanc, la molle, la grande incertitude …

Ces phases surviennent le plus souvent entre la confrontation de deux régimes de vent. Même si elles peuvent durer, ces phases sont provisoires et le vent finit toujours par revenir.

C’est en général dans cette phase là que tout se joue car ce sont des phases de transition.

Quand le vent tombe, personne n’est épargné mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Certains sont du bon côté du plan d’eau et profitent d’une risée, un flux d’air beaucoup plus important que pour les autres. Soit ils avaient flairé le coup, soit c’est la chance. C’est souvent un peu des deux. Gratitude et humilité sont de mise.

Les amis, si vous êtes au bon endroit au bon moment, c’est le moment de gagner des mètres, profiter de cette position pour s’échapper, de « se gaver » comme disent certains.

Les phases de pétole créent des énormes passages à niveau. Certains ne s’en remettront jamais car quand le vent reviendra les écarts seront trop importants, voire ils termineront hors temps ou seront obligés d’abandonner …

Mais où que vous soyez sur le plan d’eau lorsque la pétole arrive, tout n’est pas perdu. Les meilleurs régatiers s’en sortent (presque) toujours. S’en sortir, c’est parfois juste limiter la casse et rester dans le bon wagon (le bon paquet) même si vous avez morflé et perdu des places dans la molle.

Car les bons le savent, si vous êtes toujours en vie quand le vent revient, vous pourrez revenir à la « gagne petit » confiant dans vos forces qui feront la différence de manière moins aléatoire dans un système météo stabilisé. La régate pour vous continue. Elle est longue et vous aurez de nouvelles opportunités pour vous refaire.

Ces 3 leçons de vie essentielles m’ont été enseignées par ces phases de pétole que j’ai connues en régates. Écoutez bien car cela ressemble tellement à ce que peuvent vivre les entreprises dans une phase de crise comme celle que nous traversons

☑️1/ Plus que jamais lorsque votre bateau s’arrête, il a encore plus de mal à repartir.

Donc faites en sorte de ne jamais arrêter la machine. Soyez concentrés, agiles et légers dans vos déplacements. Une maladresse, trop de lourdeur, vous pouvez casser le flux qui vous fait avancer lentement mais sûrement.

Tout l’équipage doit fonctionner ensemble. Certains vont aller à l’intérieur du bateau pour baisser et centrer les poids, sens du sacrifice oblige pour la marche commune. Vos corps, vos mouvements et votre attention doivent être concentrés sur les réglages et la marche du bateau, chaque micro-risée / pression doit être exploitée à fond. Même si vous n’étiez pas au meilleur endroit quand la pétole est tombée, vous avancerez vers le but pendant que certains pourtant au même endroit et dans la même position que vous seront arrêtés car déconcentrés, trop lourds et pas au maximum de l’optimisation des réglages et de la marche du bateau.

☑️2/ Restez calmes et limitez les virements de bord

Sous le cagnard ou dans la pluie, encalminé, il est tellement facile de péter les plombs… Alors certains, hurlent et maudissent, s’agitent dans tous les sens et font de multiples virements de bord pour tenter d’aller à un endroit ou à un autre. Ils ne vont nul part. C’est connu, dans la pétole, trop de virements et trop de manœuvres cassent la vitesse du bateau qui est très longue à reprendre. Souvent, ces équipages virent pour virer, pour chercher autre chose, car ils n’en peuvent plus … Il n’y a plus de stratégie, ils sont décentrés, déboussolés et perdus et voient les petits copains s’en aller au loin.

☑️3/ Être constamment dans l’observation et la sensation

L’observation dans ces phases est primordiale. Observez vos concurrents. Leur positionnement et leur allure vous donnent de précieuses indications et sont souvent beaucoup plus lisibles qu’une risée.

La météo, vos analyses et vos fichiers, bien qu’utiles ne seront que des indications. On le sait, plus le vent est instable moins ces outils et data sont fiables et précis.

Plus que tout dans les moments de pétole, ce qui compte, c’est ce que vous vivez, ce que vous ressentez. C’est la vérité du moment. Observez et sentez toutes les petites pressions autour de vous pour exploiter ce qu’il y a à exploiter. Faites confiance à votre intuition. Vous et votre bateau ne doivent plus faire qu’un avec les éléments, le vent, la mer, la houle, le courant. Tous vos sens sont en action.

Observer c’est aussi et surtout lever les yeux et regarder toujours au loin. Soyez alerte. Observez le ciel, les nuages et la mer au loin. Vous pourriez voir avant les autres une risée ou le nouveau vent qui arrive. Il vous faudra vous positionner au mieux (ou au moins mal) pour essayer de le toucher en premier.

Pour repartir vite et bien… ça y est, les voiles soudain se gonflent, les drisses se tendent et le bateau gite et accélère, l’équipage revient au rappel.

Vous sentez le vent sur votre visage et vous souriez. Vous vous en êtes sortis grâce à la force de votre mindset, de votre concentration, la cohésion de votre équipage, l’observation et l’ensemble de vos sens mobilisés pour la survie de votre équipage dans la course.

Avec du vent et devant, tout devient plus facile pour gérer la régate en leader de flotte.

Bientôt la Pétole ne sera plus qu’un lointain souvenir …

Jusqu’à … la prochaine phase de pétole où toutes les cartes seront rebattues!

Propos rapportés par Guy Pronier

Crédit photo : Avec l’aimable autorisation de Philip Plisson
(merci de ne pas rediffuser cette image sans l’autorisation de son auteur)
Blog: www.philip-plisson-blog.com Site: www.plisson.com

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