LE BONO 2020
Qu’est-ce qu’une grande année pour un vin ? Voilà la question posée pour définir ce quelque 31ème Rallye du Bono sur les courants du Golfe. Comme pour les grands crus, il n’y a pas de mauvaise année. Lorsqu’un club, le SNLB, offre un site maritime sublime, des plans d’eau toujours renouvelés, des parcours parfois diaboliques, des barreurs affûtés, des équipages entraînés, une organisation et une logistique sans défaut, un accueil chaleureux, des haltes d’étape splendides, des coefficients de marée minimalistes, et sur le tout une météo gorgée de soleil, avec juste ce qu’il faut de vent pour ne pas finir trop souvent enragés, eh bien l’on obtient un BONO 2020 à la fois exceptionnel sur le plan sportif, et un mémorable souvenir de jours heureux.
Cette année, la base de départ du Vendredi 11 était déléguée au chantier Le Borgne-Infinity-Nautique, au port du Parun, un mille et demi au sud du Bono, sur la rivière d’Auray. Le site n’a pas autant de caractère que le port du Bono, mais nous y avons gagné en termes d’économie des complications logistiques, et de temps de ralliement de la zone de course. Eric Lanoé et son team du chantier ont fait preuve d’une efficacité sans faille pour manutentionner les 14 bateaux vite et dans la bonne humeur, et ont même su aligner un équipage à bord de Golden Eye, en gage de leur implication. Les brises thermiques de 8 à 12 nœuds au rendez-vous juste après le déjeuner organisé par la SNLB sous la houlette de sa Présidente Nolwenn Huet ont permis à la Direction de course menée par Jean-Louis Planel de lancer une première manche du Parun à Creizic, puis une seconde de Creizic à l’ile de Boedic, avant que d’aller s’amarrer à Conleau sous les grands pins qui bordent la rivière du Vincin. Nous attendaient Nolwen et ses bénévoles pour un apéro dînatoire dans le cadre magnifique du Corlazo organisé par Guy Pronier, un bistro pieds dans l’eau niché au fond du Golfe aussi chaleureux qu’un café d’une île adriatique aux plus beaux jours de l’été.
Dès la première course, le ton est donné : copains au bistro, concurrents sur l’eau ! La ligne de départ face à la brise d’ouest permet au comité de course d’installer une bouée de dégagement, mais à très courte distance, ce qui donne lieu à un festival de refus de tribords, commis par les bateaux partis en bout de ligne à la bouée sur le groupe qui choisit de partir au comité pour virer bâbord vers la droite du plan d’eau, afin de débouler prioritaires tribord sur la bouée de dégagement. Il s’ensuit une cacophonie de protests et de noms d’oiseaux, qui n’obtient pas une seule reconnaissance de faute de la part de barreurs déchaînés par le désir de passer la bouée en tête coûte que coûte : clairement, les soirées sur Virtual Régatta pendant le confinement ont introduit quelques habitudes qu’il faudra estomper! D’ailleurs le comité de course laissera tomber les bouées de dégagement pour le reste de ce National….
Jabadao (84), Arista(61) et Bad Boy (204) se distinguent dans la première course dans cet ordre ; puis la seconde voit Windward (55), Bad boy (204) et Come back (90) devancer le reste de la flotte. Ce sont donc Guy Pronier, Anne Normand et Antoine Groleau et leur Bad Boy qui s’installent en tête du classement dès le premier jour avec 5 points seulement.
Samedi 12 était annoncé comme la longue journée qui devait permettre d’espérer 3 ou 4 manches ; elle a commencé par un petit déjeuner tôt offert par les Ami de Conleau, qui organisent des régates et entrainements dans le golfe.
Le soleil matinal était au rendez-vous pour qu’aux environs de 10 heures le Comité lance un premier départ devant Arradon pour un grand tour de l’île d’Arz par l’est dans une brise changeante de secteur nord, à marée basse. De premiers échouements sous spi bâbord amure, dans les vasières pour Gros Quick (14) et les parcs à huîtres pour Jabadao (84) ont lieu entre la pointe du Beurré et l’île de Lern, et étirent la flotte. Le gros du peloton empanne en laissant la bouée de l’île de Lern à tribord , mené par Bahia, Davai et Bad Boy qui se disputent l’honneur d’ouvrir la route et de risquer leurs quilles sur les têtes de roches malicieusement semées par un comité de course facétieux ayant choisi de pimenter la course : les bouées de chenal ne seront pas des marques de parcours, messieurs, à vous de savoir où vous passez !
Ce ne sont pas les plus novices qui se font prendre : Bad Boy (204) laisse le gelcoat de son talon de quille sur l’estoc nord de l’île d’Illur et y perd son avance, tandis que Chimène (46), qui suivait pourtant sagement le peloton concentré sur sa vitesse et les réglages, monte bien haut sur celui de la pointe de Billevé, et s’échoue sans pouvoir se tirer seul d’affaire. Un Zodiac en pêche venu lui porter assistance le remorque tellement brutalement que la mèche de gouvernail se tord sous le choc de la rencontre avec une autre tête de roche du plateau. Fin de partie, et donc abandon du championnat et remorquage pour Chimène et son nouvel équipage réduit à votre serviteur et Marie-Hélène Gire, toute nouvelle recrue en cours de formation accélérée sur 7M50…. Qui a cependant décidé de revenir le plus vite possible !
Après une arrivée donnée entre l’île aux Moines et l’île d’Arz, la brise mollissant ne permet pas une quatrième manche avant le piquenique organisé sur la plage d’Arradon, juste sous la nouvelle capitainerie et son magnifique deck-promenade. Bahia (63), Arista (61) et Davai (72) font dans cet ordre le podium de la troisième course, et la flotte repart dans les très faibles brises de l’après midi, pour un tour de l’île aux Moines que le Comité se verra contraint d’écourter faute de vent à la pointe de Brannec. Au moment où se ferme la ligne au nez de Grosquick (14), la brise reprend souffle, mais trop tard ! La fin des courses a été sifflée, un Comité ne revient jamais sur une décision ; et il ne reste plus à la flotte qu’à remonter en convoyage vers les pontons de Port Blanc par la côte est de l’île, au lieu de finir la journée sur une cinquième course, qui se serait courue dans une brise thermique d’ouest idéale….
C’est Davai (72) qui gagne cette course 4 dans les petits airs et les recherches de contre-courants, suivi par Bahia (63) et Magic (91). Il s’ensuit un classement provisoire très serré pour 6 bateaux au soir du deuxième jour:
1er Bahia ( 63) 14 pts
2nd Bad Boy (204) 14 pts
3ème Davaï (72) 16 pts
4ème Windward (55) 17 pts
5ème Come Back (90) 17 pts
5ème ex-aequo Arista( 61) 17 pts
Chacun d’eux pouvant prétendre à la victoire ou au podium, il n’est pas surprenant que le dîner-barbecue offert au chantier du Parun sous les belles charpentes des hangars des 8MJI ne se soit pas prolongé tard dans la nuit : nous n’eûmes pas droit ce soir là aux chahuts tonitruants des poids lourds de la série : Luc , Guy et autres quintaux sur pattes, sont partis pour une fois se coucher tôt !
Dimanche 13, il fallut bien conclure ; une météo imperturbablement au beau fixe laissait bien présager quelques molles pétoles et autres pièges à barreurs, mais les brises légères et soutenues qu’affectionne particulièrement le 7M50 ont permis au comité de lancer deux manches en trois heures, et de rentrer au Parun par Gavrinis , l’île Longue et la rivière d’Auray (en respectant les bouées de chenal…) tandis que Chimène rentrait penaude et meurtrie en remorque du semi-rigide de la Sécurité. La lutte pour le podium s’est bien jouée entre les 6 bateaux ci-dessus : Après que la course 5 ait vu Bad Boy restaurer sa suprématie avec une victoire et 16 points devant Bahia 19 points et Davaï 23 points, une victoire au couteau de Come Back à la dernière manche installe Luc Lajoie sur le podium au classement final derrière Maître Guy et Maître Erwann:
1er Bad Boy (204) 18 pts : Guy Pronier
2nd Bahia ( 63) 22 pts : Erwann Gourdon
3ème Come Back (90) 26 pts Luc Lajoie
4ème Davaï (72) 28 pts Mathieu Coville
5ème Windward (55) 29 pts Patrick-Jacques Guiraud
6ème Arista ( 61) 30 pts Christian Vernet
On notera pour finir que ce comité de course décidément facétieux mais néanmoins fort sympathique est le seul en trente ans qui ait osé par deux fois fermer la ligne au nez du Président de la Série ! Yves Marzin en rit encore sous cape !
Si l’équipage de Bad Boy remporte le prix du SNLB offert par Frédéric Le Guen, il reprend également, Nartional oblige, la fameuse barre à roue, au grand damne d’Erwann … mais pas de Laetitia!
Le prix “Un homme, une femme, un M750” inauguré l’an passé est remis, en différé, à Sylvain et Cary Pellissier pour leur engagement et leurs actions communes envers la classe M750.
Il n’y a pas de mots assez pertinents pour dire encore toute la sympathie et tous les remerciements qui vont à Nolwenn, Frédéric, Eric et l’armée des bonnes volontés amicales et pleines d’humour qu’ils ont su mobiliser pour nous régaler, nous dorloter, nous sécuriser et nous charmer : 40 équipiers, équipières et barreurs les remercient encore de leurs hourras joyeux.
Thierry Melot
FRA 46 CHIMÈNE
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