Le compte-rendu vous est cette année offert par Mathieu Pouillaude fils d’Eric (Groquik) embarqué pour le National avec Stéphane Manier sur Jabadao.
“Pourquoi ké veut pas rentrer dans l’crochet c’te conne ? À jouer les équilibristes sur ce pont avec ce machin qu’il faut mettre sur l’écoute de spi je vais finir par me casser la gueule.
Tiens ton tangon par le milieu d’une main et de
l’autre enfile l’écoute.
Heureusement que Martin est là pour m’aider. Parait qu’il
est moniteur aux Glénans, sur la base de l’ile d’Ars. En tout cas c’est un
menhir ce mec. Calme, pas un mot, debout à tirer sur son spi comme si c’était
la laisse d’un chien. L’a qu’à filer doux le spi ! Ça claque, ça booste !
Faudrait peut-être affaler et aller sur la ligne
de départ !
Stéphane est là pour nous rappeler à la réalité : on est
en régate ! Ça se rentre comment ce machin ? Bon, bref, c’est fait.
Mais c’est qu’on est loin ! En s’entrainant on a oublié de rester près du
bateau comité ! Oh là là ! Ils sont tous loin. On passe la ligne.
Stéphane annonce :
4’ de retard ! Si on évite la cuillère de
bois on aura de la chance !
Du coup tout le monde se tait. Même pas besoin de regarder
s’il y a des tribords. La brise est jolie. Ça monte peu à peu. On se rapproche
des derniers. Super on en dépasse un puis deux. Merde c’est Papa ! Il va
être furax. J’ai pas intérêt à la ramener ce soir au camping. On échoue dans le
tableau arrière d’un troisième. Tant pis.
Pas le temps de souffler. Le vent monte encore un peu. On
repart. Je ne sais pas comment on fait mais on est deuxième à la bouée au vent.
Martin est toujours aussi calme. Peu de mots, un sourire à peine esquissé. Et
une écoute de spi qu’il maîtrise comme la longe d’un cheval rétif ! Un
menhir j’vous dit ! Le plus incroyable c’est qu’on reste à notre place.
Stéphane a l’air ravi. Les cadors de la série sont derrière. Devant c’est
Laurent, celui qui a maté l’orage du lac Léman avec Papa et Sylvie. Son
équipier c’est Guy, l’ancien président de l’asso qui nous reçoit ce soir dans
sa maison.
C’était une manche pour les gros nous dit Guy en
arrivant sur le ponton.
C’est vrai qu’ils sont enrobés les bébés. Et Stéphane aussi
est plutôt rondouillard. Demain on annonce du petit temps. On verra. En tout
cas c’est sacrément serré ! Les 4 premiers se tiennent en 2 points. Devant
c’est encore Jean-Denis, celui qui a gagné « Le Crouesty » par KO.
Paulo, son équipier, a annoncé qu’il allait se marier. Du coup les copains lui
ont offert une tenue de Superman qu’il a dû enfiler sur le ponton ! J’ai
pas bien compris l’allusion. Superman serait un symbole érotique ? Il
faudra qu’on m’explique ! En tout cas il a bien marché la première journée
mais Erwan, Gilles et les gros sont revenus lors de la deuxième. À leur place
je serais à cran ! Mais tout le monde discute gentiment, comme des
gentlemen navigateurs, autour d’un gobelet en plastique rempli de bière.
C’est le seul pot offert par la SNT remarque
Loïc. Et c’est à partager avec les voiliers classiques. Et les droits
d’inscription sont les plus élevés de la saison. On ne peut pas dire qu’ils se
soient défoncés pour nous recevoir.
Pas grave ! Tout le monde ou presque se retrouve le
soir même près de la rivière de Crach, là où Guy a sa chaumière. C’est la fête,
c’est sympa. Merci Guy !
Dernier jour et petite brise. Assez quand-même pour se tirer la bourre. On se débrouille. Je commence à comprendre et à m’habituer aux manœuvres. C’est pas si compliqué. On est dans le coup. Tiens c’est un nouveau qui gagne la manche. Mathieu Coville. Thierry Melot en a gagné une autre. Et pourtant aucun de ces deux-là ne seront sur le podium. Visiblement c’est très serré ! Le deuxième de cette manche de temps léger c’est… les gros ! Du coup ils prennent la tête du classement général. Comme quoi le poids n’empêche pas le talent. On s’attendait à une autre manche (la 7°) mais le jury en avait sans doute marre. Ah non, il fallait qu’ils soient à l’heure pour la remise des prix des Voiles Classiques. Loïc est furax. Ils nous ont fait plier les gaules aussi sec, c’est à dire sans même un gobelet de bière. Pas une raison pour perdre notre bonne humeur. On est allé fêter la victoire de Laurent Beaurin chez Christian Vernet qui a une superbe propriété cachée dans la forêt à 40km de là. Ça fait plaisir que Laurent, qui est la gentillesse même et Guy qui nous accueille et nous grute royalement gagnent. L’année prochaine, je ne sais pas si je serai là. Le National aura peut-être lieu ailleurs. Il n’y avait que 15 bateaux d’inscrits cette année. Il parait que le calendrier a joué en défaveur de la série. Papa et ses copains du bureau y réfléchissent. J’espère en tout cas qu’il fera aussi beau qu’à La Trinité. Salut à tous. “
Mathieu Pouillaude (avec la complicité de Stéphane MANIER)
La semaine avant le BOM 2019 a été compliquée tant sur le plan des préparatifs que professionnel. Je suis arrivé jeudi pour avoir le temps de mettre à l’eau et préparer le bateau à cette navigation un peu particulière. Il me restait pas mal de petites choses à régler et vers 18h tout semblait prêt sauf qu’en remontant la bôme avec la drisse de gv …. l’écoute de bordure est repartie dans la bôme!!! dépopage, passage de messager, repopage … heureusement que la capitainerie a du matériel qui m’a été prêté très gentiment! Bref … on a raté le briefing … et les indications météo.
Samedi matin, debout à 7h, petit déj à l’hôtel, arrivée à 8h30 au port. On range les affaires et on part sur la ligne de départ. Le vent léger venant de l’ouest donne un départ sous spi un peu tendu avec ces quelques 400 bateaux sur la ligne! Quelques minutes après le signal du départ, je vois une bouée et ai l’impression qu’on a toujours pas passé la ligne. Le courant nous empêche d’aller la chercher et nous décidons de faire demi tour pour ne pas prendre le risque de se faire disqualifier. Une fois le virement fait, on se retrouve face à une ligne de bouée!!! On avait finalement bien franchi notre ligne et nous passions en fait la seconde ligne, celle des gros bateaux… Tant pis, on repart. Au moins nous aurons éviter d’être dans la masse.
Le vent reste faible mais le spi porte. Nous optons pour la côte française comme bon nombre de surprise visiblement. Laurent effectue quelques manœuvres subtiles de dégagement pour éviter de se laisser enfermer et nous avançons gentiment. Nous n’avons pas l’impression d’avancer beaucoup et devons vérifier sur le gps pour évaluer la distance parcourue et le reste à faire. Au moins nous apprécions les maisons, jardins et bateaux sur la côte! Vers 16h, un bateau du comité de course passe entre les concurrents pour demander d’enfiler les gilets car le vent va monter à plus de 25 noeuds… Le ciel noircit derrière nous et nous pensons que le vent va forcir. Le vent commence à changer, à forcir. Le ciel s’assombrit et prend une teinte bleue pétrole assez surprenante. Laurent se tâte et finalement nous décidons d’envoyer le spi! Nous sommes les premiers à prendre cette décision. Le bateau prend de la vitesse et nous passons quelques surprises. Après 20 minutes sous spi, les éclairs apparaissent. On sent que la pluie n’est pas loin. On affale le spi. Le vent accélère encore. La pluie arrive, forte, lourde. Le bateau avance toujours aussi vite, on le sent même prendre un peu de vitesse. Des surprises à côté de nous affale le foc… on les passe à bon train. La pluie se transforme en grêle, une sorte de brume se crée sur 1 mètre de hauteur, réduisant la visibilité. Le ciel s’assombrit encore un plus au point qu’on a l’impression que la nuit est tombée. Un éclair monumental traverse le ciel en plusieurs points … puis un coup de tonnerre gronde avec une telle puissance que j’en ressens l’onde de choc me passer dessus! Nous voyons difficilement à plus de 20m. Des bateaux semblent en difficulté. On aperçoit 4 personnes sur la quille retournée de leur bateau! Le 7.50 surfe sur les vagues à la fréquence courte à tel point qu’on a l’impression d’être propulsé comme sur un tapis roulant! Nous sommes toujours sous GV et Foc. La barre est un peu dure mais je parviens à maintenir le cap. L’impression de vitesse est incroyable. 12, 15 noeuds? je n’en sais rien. Bien plus vite que ce que je n’ai jamais fait en tout cas même avec Guy. De temps en temps nous passons au travers de vagues qui recouvrent le pont et terminent dans le cockpit jusqu’à le remplir au tiers de sa hauteur. La vitesse fait que l’eau s’évacue bien et vite. Nous sommes tous les 3 assis au fond du bateau, pour autant nous sommes sereins. Le bateau commence à louvoyer un peu sous le coup du vent qui semble vouloir tourner un peu. A la 3eme occurrence, Laurent saute sur la GV et l’affale avec l’aide de Sylvie pour la maintenir dans le bateau. On continue à avancer à une vitesse inouïe et on passe encore des surprises sous GV. Combien en avons nous passé? 20? 30? Cela me semble considérable! Le ciel commence à s’éclaircir mais le vent reste soutenu. Je regarde le mât et me dit que j’ai bien fait de changer les haubans cette année! Les éléments commencent à se calmer. Nous sommes trempés. Pas de temps à perdre : dès que cela nous semble possible nous renvoyons la GV et repartons à bonne allure. Nous croisons Alinghi sur le chemin du retour. Le ciel s’éclaircit un peu plus encore et le vent semble mollir .. relativement à ce que nous venons d’avoir! On renvoie le SPI. Nous avons finalement bien avancé durant l’épisode orageux. La bouée de virement ne doit plus être bien loin. Le vent commence à devenir changeant. Nous nous trouvons en bordure des nuages. Il faut savoir être patient, attentif et opportuniste pour profiter des courants d’air qui se présentent. Le bateau comité est enfin en vue, mais il faut remonter pour passer la bouée! le temps semble long dans ce vent redevenu mou. Finalement nous passons le bateau comité après 10h05 de courses! C’est le seul point de passage obligatoire au bout de 35 miles. Bon il va en falloir au moins autant de temps pour franchir la ligne d’arrivée. Difficile de juger de notre performance. Nous n’avons pas vu tant de bateau que ça sur leur retour. Nous avons néanmoins le sentiment d’avoir laissé une bonne partie de la flotte derrière nous et le passage dans le grain semblait nous avoir été favorable. Nous profitons de ce moment calme pour parier sur le fait que le reste de la nuit sera sèche et donc nous changer rapidement pour se réchauffer. Cela fait du bien, tout comme les plats stérilisés à chauffer dans un sac par réaction chimique d’un produit avec de l’eau!). Par contre les boissons chaude sont à peine tièdes… mais c’est mieux que rien. Sur le chemin du retour nous apercevons quelques bateaux retournés, et des bateaux à moteurs qui vont et viennent sans doute pour porter assistance ou assurer la sécurité. Après un très beau couché de soleil, la nuit s’installe. Nous allumons les feux de navigation et suivons l’avancement de nos voisins grâce à leurs feux. La fatigue commence à se faire sentir. Le bateau ne se prête pas vraiment à passer une nuit confortable. Sylvie essaye de trouver un peu de sommeil. Le froid, l’humidité, la position ne sont pas facile à gérer. Un petit somme, peut être, et les yeux sont ouverts. Laurent en profite pour récupérer à son tour. Avec son expérience, il arrive à s’allonger et trouver le sommeil dans l’instant. On entend même quelques ronflements! 20 minutes plus tard il se réveille et analyse la situation.
On se passe la barre à tour de rôle. Le vent est redevenu calme mais présent. Le bateau avance doucement et régulièrement. Au milieu de la nuit nous arrivons près d’une pointe. Le vent faiblit. Il ne reste plus grand chose!! Un bateau est à 2 longueurs devant nous. il commence à reculer emporté par le courant. Nous sommes pris dans la même dynamique avant de trouver un peu de vent quelques minutes plus tard. Au petit matin, le ciel semble enclin à se dégager. Les yeux restent difficilement ouverts. Des surprises commencent à nous remonter. Nous ne trouvons pas de solution. Faut-il rejoindre la côte? repartir au large? nous prenons cette dernière option. Finalement, malgré deux ou trois tentatives de contrôle visuel, nous décidons de passer une corde sous la coque dès fois que … un gros paquet d’herbe se détache et file dans notre sillage! Vers 10h nous parvenons enfin à stabiliser notre vitesse par rapport aux surprises et autres bateaux à notre niveau. Laurent est plus que jamais à l’affût de la moindre risée et surtout à l’écoute de la vitesse du bateau. La ligne d’arrivée semble loin encore. Le soleil commence à chauffer. Cela fait du bien après cette longue nuit à la belle étoile. La voilà enfin cette ligne d’arrivée entre la cabine et et la bouée! Et pour le plaisir, cela fait bien 1 mile que l’on bataille avec un surprise et qu’on a réussi à remonter et dépasser avant de passer la ligne devant lui! Le soleil chauffe de plus en plus. Le temps d’arriver au ponton et de ranger un minimum, les voiles, les affaires, les bouts et se mettre un peu à l’aise, il commence à cogner fort le bougre. Nous rejoignons l’espace course et le club ou nous savourons un bière et un bon plat de pates chaudes dans une véritable assiette! C’est chouette une belle organisation comme celle là! Le temps est venu de remettre le bateau sur la remorque et démater pour se préparer à reprendre la route le lendemain. Un petit tour à l’hôtel pour prendre une bonne douche s’avère appréciable autant que nécessaire. La fatigue se fait à nouveau sentir et nous prenons notre temps. Un peu trop même… de retour au port, nous assistons à la fin de la remise des prix. Habituellement les classes des petits bateaux sont cités à la fin. Vu le nombre de bateau qui nous ont remonté au petit matin je n’ai pas le sentiment d’avoir fait un bon classement. Visiblement, nous avons raté les annonces concernant notre catégories. Nous prenons un verre et repartons à l’hôtel pour récupérer avant de reprendre la route le lendemain. C’est par les amis et sms que j’apprends les résultats le lendemain! 132ème au général, 54ème au compensé et 3eme des TCF4!Un ami qui nous suivait sur le live nous envoie une copie d’écran : nous avons avancé jusqu’à 19,2 noeuds! bien au delà de ce que j’avais estimé… Dommage que l’on ne puisse rejouer le live à postériori… Bref, le bateau n’a pas à rougir face à la concurrence! En tout cas, un énorme merci à mon équipage, à Laurent pour la confiance, les conseils judicieux, à Sylvie pour sa vaillance à bord dans ces conditions particulières. Une chose est sûre, cette édition, toute particulière a-t-elle été, me donne envie de revenir l’an prochain. Serez-vous avec nous?
PS : A toi Laurent pour nous relater la course selon ton point de vue!
Nouvelle dans la série depuis 2 ans, c’est avec curiosité que je me suis rendue à la régate du Bol d’or Mirabaud de cette année 2019.
Arrivée de Londres après une semaine de leadership programme et de soutenance, je me sentais des ailes poussées mais un peu fatiguée… Pour ceux qui ne le savent ce type de formation est là pour vous faire sortir de votrezone de confort !
Samedi 15 Juin : 7.00
du matin ! J’accueille la sonnerie du réveil avec enthousiasme.
Même si le manque de sommeil se
fait sentir, Eric et moi sautons du lit, collectons nos affaires dans la
chambre pour nous diriger au rez-de-chaussée où nous retrouvons Laurent, déjà
bien réveillé.
500 bateaux sont attendus, aujourd’hui sur le lac Léman. Le départ est prévu à 10.00
Nous assurons le petit déjeuner à l’hôtel et apprécions le temps qui se présente à nous. Il pleut déjà à grosse gouttes ! La régate se veut prometteuse… l’équipe garde sa détermination. … croissant, pain au chocolat, jambon, fromage… tout y passe !
20 min plus tard nous sommes dans la voiture, l’appli « Windy » à la main. Le temps semble calme, il y aurait même pétole ! Quelques pointes dans la journée mais rien d’extraordinaire.
Il est 8H30 : Arrivée au bateau et derniers préparatifs… les gens s’amusent, l’ambiance semble bonne enfant, détendue.
derniers préparatifs avant de prendre le départ sous un ciel gris
Laurent se creuse les méninges…
C’est technique de mettre des piles dans une lampe … pour équiper le bateau de feux de navigation.
Le beau temps est revenu. Première concertation d’équipe sur le fait de poser ou non les lampes avant la course… on sécurise, les lampes sont posées avant le départ.
Eric vérifie 2 ou 3 choses, on est prêt…
09.45 : Largage des amarres !
Un bateau nous remorque, ligne de départ en vue, on se prépare.
Cela fait beaucoup de bateau, 500 bateaux ! C’est beau…
groQuik cherche les bouées de départ. On hésite … Départ donné, on se lance !
Erreur de communication, mauvaise interprétation, le départ est mauvais, on se retrouve bon dernier, voire dans le sens opposé de la course pour arriver à passer la bouée du bon côté.
Demi tour toute ! Les bateaux s’éloignent…Bye, bye …
Très rapidement l’équipe se re-concentre : on est là pour régater ! Eric est à la barre, Laurent observe le plan d’eau, donne des indications : Lofe, Abat.. ; 5 degrés … pas de discussion à bord, on n’est pas là pour papoter !
Les bateaux se rapprochent, les spis se lancent. La vision est spectaculaire, les spis flottent au vent. C’est magnifique toutes ces variations de couleurs.
(Photos de Loris Von Siebenthal)
groQuik va de plus en plus vite. Le Spi en impose!! Groquick est revenue dans la place !
On se fixe des objectifs ! Tu vois le surprise la bas ? Tu me dis si on le rattrape. Notre objectif étant de le dépasser, je m’installe à l’avant du bateau. Le bateau avance encore plus vite, je me sens telle une figure de proue, allongée sur le pont.
Mon cou en garde quelques
séquelles, car la position allongée à l’avant du bateau sur le Foc, Spi lancé
devant toute, n’est pas des plus confortable : pour voir l’horizon et suivre les autres
bateaux il faut se contorsionner.
Une chance, à ce moment, il fait
grand beau !
Nous avançons, le bateau file sur
l’eau à 3 ou 4 nœuds. Au loin et à l’arrière,
on aperçoit bon nombre de spi, tous très gonflés. Certains choisissent la cote
suisse, nous choisissons la cote française.
Le vent est un peu mou mais le bateau avance.
Après quelques heures de navigation, nous regardons la carte et, même si le bateau avance, il nous reste encore beaucoup de chemin… la route sera longue.
Il est midi ! Pause déjeuner !
Eric a tout prévu, sur Groquick,
on mange chaud ! Petit salé aux lentilles,
pâtes bolognaises etc… un vrai festin.
On admire les maisons, toutes plus jolies les unes que
les autres.
16.00 H : Le ciel commence à se charger, le vent augmente. La sécurité nous informe que les gilets sont obligatoires et qu’une tempête se prépare. 25 nœuds sont annoncés
Le vent est de plus en plus fort,
Eric est à la barre, on avance plus vite
que l’orage, les éclairs sont visibles au loin et le ciel est si noire que
l’on imagine une pluie dense. Laurent prend la décision de lancer le spi pour
prendre de vitesse les autres.
Nous nous éloignons de l’orage, on espère même que celui-ci ne nous
touchera pas. Le bateau avance vite, de plus en plus vite…
Le lac s’agite, l’eau frappe
le bateau et nous transperce. Les éclairs tonnent, le ciel est sombre.
Le vent augmente de plus en plus.
Peu de bateaux sont là. Nous affalons le Spi et continuons sous GV et FOC à
vive allure. La vitesse frise les … 19 nœuds.
Le vent tourne, la pluie tombe,
les éclairs tonnent.
Nous sommes en plein cœur d’une tempête. Les éléments se déchainent.
La pluie est remplacée par de la
grêle.
Le vent est si fort que le bateau risque de chavirer, Laurent se
jette sur la grand voile.
Le bateau reste stable.
Eric est à la barre, Laurent
donne les consignes. Le bateau file et va à une vitesse exceptionnelle.
Je suis au fond du bateau, je
tiens les strappes.
Une pensée pour ma fille que je n’ai pas vue depuis 15 jours, et
si …. Je tombais à l’eau ?
J’ai mon gilet, je sais nager… je
rationalise. Les choses semblent maitrisées, je suis confiante.
Laurent me demande d’aller mettre
les lampes à l’avant. J’ouvre la trappe, prend les lampes et les installe. Tout va bien. Pas de stress.
Je repense à la formation de la
semaine passée, sortir de sa zone de confort. Le stress que j’ai vécu, la
pression que nous avons eu pendant 4 jours de formation pour viser l’excellence
et ne pas décevoir nos sponsors. Je me dis que le stress est bien ridicule au
regard de la situation du jour.
J’admire Laurent et la confiance qu’il génère. Ses consignes sont
claires et aucune discussion n’est possible.
Il est calme, sûr de lui. Il sait
ce qu’il fait. L’équipage est serein.
La vitesse est telle que c’est grisant, le bateau surf sur
l’eau. On dépasse bon nombre de bateaux.
Le vent baisse, Laurent remonte la grand voile et nous demande s’il ne serait
pas temps de relancer le spi J !
Je pense que c’était une blague, mais non, un effet de tactique ! Rester concentré,
ne rien lâcher, l’objectif d’une régate :
gagner J !
On lance le spi, l’allure
augmente…. On passe la bouée. Il est déjà 20
h 05, seule la moitié du chemin est passé.
Le premier bateau est passé il y a 2 heures.
Laurent envisage toujours de dormir
dans son lit… Nous sommes trempés, le froid s’installe, je grelote et je me dis que la nuit va être longue…
Eric et moi nous changeons. Ca va
mieux. Le beau temps revient. Le vent est plus faible.
Le soleil se couche, le ciel
devient rose. Les bateaux, peu nombreux, avancent. On admire la beauté et le calme du moment.
Nous savourons notre repas.
Le vent tourne, le spi est lancé.
La nuit est maintenant là. La lune nous éclaire. Seules quelques lampes nous
indiquent la présence d’autres bateaux.
Je somnole sans vraiment dormir;
Eric fait de même. Difficile de dormir.
Seul Laurent dormira à bord du bateau d’un sommeil profond. Un scoop ?Il ronfle ! 10 min de sommeil réparateur et notre homme repart.
Le petit plus de la nuit ; une
pause sucrée … Pudding pommes cannelle… un vrai délisse ! Eric peut désormais concourir pour top
chef !
Au petit matin, je rêve d’un petit déjeuner mais le
port est encore loin. Les boissons chaudes ne sont plus chaudes et à part manger
du stérilisé, nous n’avons plus rien.
Laurent et moi taquinons Eric en
lui indiquant que, sur un bateau, un peu de gâteau sec … c’est cool !
Il est 06H00 du matin ! Arrivée envisagée vers 08H00 !
Je prends la barre à moitié
endormie pour relayer Eric. Laurent m’indique +5, -5 … nous sommes toujours
dans la course.
Je somnole, j’ai froid. Barrer
est pour moi compliqué. Mes virements
nous éloignent d’avantage de notre objectif L !
Je repasse la barre à Eric, nous reculonsL. Le courant est plus fort que notre vitesse… Laurent étudie le plan
d’eau, ne comprend pas. Il se caresse les cheveux, se creuse les méninges, cherche,
se retourne dans le bateau…
Une brise que seul lui sent et le bateau repart … ouf, on avance plus vite que le courant.
Les surprises commencent à nous rattraper alors que nous les tenions loin derrière. On change de bord, on revire… rien n’y fait ! Pas d’algue dans la quille à l’œil nu. Passage d’une corde à nœuds sous la coque et là, un gros paquet d’herbe remonte à la surface dans le sillage du bateau. C’est reparti ! Cap repris on remonte les surprises.
12.00 Heure :On cherche la bouée d’arrivée, elle est là … on l’approche, on la passe … GroQuick est 132 ème !
Encore quelques minutes et nous serons au port ! Je n’arrive plus à
tenir éveillé,je voudrai mon lit.
Il fait chaud sur le lac, très
chaud …
A notre arrivée, la femme de Laurent nous attend. Laurent se déleste de ses affaires de navigation. Sous sa combinaison de voile, une chemise bleue et un pantalon de couleur rouille. Frais est dispo pour retrouver sa belle ! Emmanuelle, sa femme lui fait d’ailleurs remarquée qu’il est parfait !
Quel séducteur !
Nous allons manger, repas bien
mérité et offert par l’organisation. Assiette
de pâtes, bolognaise ou carbonara, cela fait du bien.
Alors que je rêve de dormir, on choisit de sortir le bateau de l’eau et
de démâter L !
17.00 : les affaires sont pliées. Je suis extenuée et je veux dormir !
Retour à l’hôtel, douche… nous sommes en retard pour la remise des prix L ! Nous manquons le podium sans le savoir… Arrivé 3ème de la catégorie TCF4. Nouvelle apprise le lendemain sur la route par Guy !
Petit repas tranquille et retour
à l’hôtel.
21 :00 : Je m’endors, enfin !
Le sommeil est profonds, nous sommes épuisés
mais ravie d’avoir pu vivre une telle aventure.
Pour l’année prochaine, nous espérons que plus de Monotypes 750 seront
présents.
L’organisation est top, la régate
agréable… cela mériterait de l’intégrer au calendrier pour diversifier le type
de course.
Pour terminer… Un grand merci à Éric et Laurent sans qui je n’aurai pas pu régater ! Un très beau souvenir. Merci !
Chers amis, l’évènement phare de notre saison approche à grand pas!
Notre National se courre donc à la Trinité les 11, 12 et 13 juillet. L’avis de course est publié depuis quelques semaines, les langoustines sont réservées, les soirées crêpes le sont presque… il ne nous reste plus qu’à… nous inscrire !
Faites feu de tout bois et inscrivez vos bolides, votre Bureau s’occupe du reste !
On vous attend nombreux, de la bonne humeur et beaucoup de surprises vous attendent!
La quantité n’y était pas mais la qualité si ! Six M750 avaient fait le déplacement pour ce 31° Grand Prix. Et pour mettre les (relativement) petits plats dans les grands, Jean-Denis Bargibant s’était offert un tacticien de luxe en la personne d’Erwan Gourdon, tous deux épaulés par le meilleur metteur au point du marché : Paul Vandamme ! Bref, il ne fallait pas chercher à bord d’un autre monotype le dominateur commun. Comme le remarquait Jean-Denis à la remise des prix : « ça fait tout drôle d’enlever deux fois une place de premier (sur 9 manches) pour le classement général ». Modeste avec ça ! Et pervers d’ajouter : « le niveau monte en 7,50. Sylvain Pélissier termine dernier » avec un gros clin d’œil car Sylvain a dû abandonner après la première manche (gagnée par JD) pour cause de maladie de son équipière favorite en régate et dans la vie.
Restent les autres. La bagarre fut âpre. Luc
Lajoie s’en est bien tiré et a surtout apprécié le cadeau d’anniversaire
de ses deux fils : être le temps de ce GP ses équipiers. Laurent
Beaurin, lui aussi en équipage familial (ils ont été
4 à bord sur certaines manches) termine sur le podium. Tous deux ont
été titillés par Stéphane Manier qui improvisait, en les personnes de
Marc Masson et Martin Cautain un nouvel équipage. Enfin Hervé Pouliquen,
Nolwen Huet et notre amis Fred Le Guen du Bono
n’ont cessé de progresser pour agacer les tableaux-arrières des
copains.
Les monotypes 7,50 ont représenté 15% des 40
inscrits (hors voile légère) de ce Grand Prix, la moitié, presque, des
inscrits de l’an dernier. Une désaffection générale qui n’a rien à voir
avec l’organisation de ce GP, toujours aussi parfaitement
millimétrée par le tandem YCCA-SNT. Ni avec les lots et récompenses qui
pleuvaient sur les podiums et sur ceux, tirés au sort, qui étaient
restés à la distribution des prix (pour info, une VHF, un séjour de
vacances d’une semaine, 2 weekends de location de
croiseurs, des combinaisons et vêtements divers, arrosés de champagne
et de vins fins…). Les raisons sont à chercher ailleurs selon les
sociologues qui pointent plutôt les changements de mode de vie de
nouvelles générations qui préfèrent les voyages, l’investissement
dans les études des enfants et qui accepte de plus en plus
difficilement les weekends entre copains du monsieur ou de la dame,
pendant que l’autre assure ce qu’il y a à faire à la maison. C’est le
défi auquel devra sans doute répondre la classe M750 dans les
années à venir.
Enfin il est impossible de faire le compte rendu
de cette édition 2019 du « Crouesty » sans évoquer le moment d’émotion
qu’a provoqué Max Jacobée, le patron local de la SNSM, en demandant une
minute de silence à la mémoire des 3 sauveteurs
noyés en intervention aux Sables d’Olonne, au cours de la tempête qui a
traversé la région la veille de l’ouverture du GP.
Rendez-vous désormais au National, à La Trinité, les 11, 12 et 13 juillet, pour une belle fête et plein de surprises.
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