La semaine avant le BOM 2019 a été compliquée tant sur le plan des préparatifs que professionnel. Je suis arrivé jeudi pour avoir le temps de mettre à l’eau et préparer le bateau à cette navigation un peu particulière. Il me restait pas mal de petites choses à régler et vers 18h tout semblait prêt sauf qu’en remontant la bôme avec la drisse de gv …. l’écoute de bordure est repartie dans la bôme!!! dépopage, passage de messager, repopage … heureusement que la capitainerie a du matériel qui m’a été prêté très gentiment! Bref … on a raté le briefing … et les indications météo.
Samedi matin, debout à 7h, petit déj à l’hôtel, arrivée à 8h30 au port. On range les affaires et on part sur la ligne de départ. Le vent léger venant de l’ouest donne un départ sous spi un peu tendu avec ces quelques 400 bateaux sur la ligne! Quelques minutes après le signal du départ, je vois une bouée et ai l’impression qu’on a toujours pas passé la ligne. Le courant nous empêche d’aller la chercher et nous décidons de faire demi tour pour ne pas prendre le risque de se faire disqualifier. Une fois le virement fait, on se retrouve face à une ligne de bouée!!! On avait finalement bien franchi notre ligne et nous passions en fait la seconde ligne, celle des gros bateaux…
Tant pis, on repart. Au moins nous aurons éviter d’être dans la masse.
Le vent reste faible mais le spi porte. Nous optons pour la côte française comme bon nombre de surprise visiblement.
Laurent effectue quelques manœuvres subtiles de dégagement pour éviter de se laisser enfermer et nous avançons gentiment. Nous n’avons pas l’impression d’avancer beaucoup et devons vérifier sur le gps pour évaluer la distance parcourue et le reste à faire. Au moins nous apprécions les maisons, jardins et bateaux sur la côte!
Vers 16h, un bateau du comité de course passe entre les concurrents pour demander d’enfiler les gilets car le vent va monter à plus de 25 noeuds… Le ciel noircit derrière nous et nous pensons que le vent va forcir. Le vent commence à changer, à forcir. Le ciel s’assombrit et prend une teinte bleue pétrole assez surprenante. Laurent se tâte et finalement nous décidons d’envoyer le spi! Nous sommes les premiers à prendre cette décision. Le bateau prend de la vitesse et nous passons quelques surprises. Après 20 minutes sous spi, les éclairs apparaissent. On sent que la pluie n’est pas loin. On affale le spi. Le vent accélère encore. La pluie arrive, forte, lourde. Le bateau avance toujours aussi vite, on le sent même prendre un peu de vitesse. Des surprises à côté de nous affale le foc… on les passe à bon train. La pluie se transforme en grêle, une sorte de brume se crée sur 1 mètre de hauteur, réduisant la visibilité. Le ciel s’assombrit encore un plus au point qu’on a l’impression que la nuit est tombée. Un éclair monumental traverse le ciel en plusieurs points … puis un coup de tonnerre gronde avec une telle puissance que j’en ressens l’onde de choc me passer dessus!
Nous voyons difficilement à plus de 20m. Des bateaux semblent en difficulté. On aperçoit 4 personnes sur la quille retournée de leur bateau!
Le 7.50 surfe sur les vagues à la fréquence courte à tel point qu’on a l’impression d’être propulsé comme sur un tapis roulant! Nous sommes toujours sous GV et Foc. La barre est un peu dure mais je parviens à maintenir le cap. L’impression de vitesse est incroyable. 12, 15 noeuds? je n’en sais rien. Bien plus vite que ce que je n’ai jamais fait en tout cas même avec Guy. De temps en temps nous passons au travers de vagues qui recouvrent le pont et terminent dans le cockpit jusqu’à le remplir au tiers de sa hauteur. La vitesse fait que l’eau s’évacue bien et vite. Nous sommes tous les 3 assis au fond du bateau, pour autant nous sommes sereins. Le bateau commence à louvoyer un peu sous le coup du vent qui semble vouloir tourner un peu. A la 3eme occurrence, Laurent saute sur la GV et l’affale avec l’aide de Sylvie pour la maintenir dans le bateau.
On continue à avancer à une vitesse inouïe et on passe encore des surprises sous GV. Combien en avons nous passé? 20? 30? Cela me semble considérable!
Le ciel commence à s’éclaircir mais le vent reste soutenu. Je regarde le mât et me dit que j’ai bien fait de changer les haubans cette année!
Les éléments commencent à se calmer. Nous sommes trempés. Pas de temps à perdre : dès que cela nous semble possible nous renvoyons la GV et repartons à bonne allure. Nous croisons Alinghi sur le chemin du retour.
Le ciel s’éclaircit un peu plus encore et le vent semble mollir .. relativement à ce que nous venons d’avoir! On renvoie le SPI.
Nous avons finalement bien avancé durant l’épisode orageux. La bouée de virement ne doit plus être bien loin. Le vent commence à devenir changeant. Nous nous trouvons en bordure des nuages. Il faut savoir être patient, attentif et opportuniste pour profiter des courants d’air qui se présentent. Le bateau comité est enfin en vue, mais il faut remonter pour passer la bouée! le temps semble long dans ce vent redevenu mou. Finalement nous passons le bateau comité après 10h05 de courses! C’est le seul point de passage obligatoire au bout de 35 miles. Bon il va en falloir au moins autant de temps pour franchir la ligne d’arrivée.
Difficile de juger de notre performance. Nous n’avons pas vu tant de bateau que ça sur leur retour. Nous avons néanmoins le sentiment d’avoir laissé une bonne partie de la flotte derrière nous et le passage dans le grain semblait nous avoir été favorable.
Nous profitons de ce moment calme pour parier sur le fait que le reste de la nuit sera sèche et donc nous changer rapidement pour se réchauffer. Cela fait du bien, tout comme les plats stérilisés à chauffer dans un sac par réaction chimique d’un produit avec de l’eau!). Par contre les boissons chaude sont à peine tièdes… mais c’est mieux que rien.
Sur le chemin du retour nous apercevons quelques bateaux retournés, et des bateaux à moteurs qui vont et viennent sans doute pour porter assistance ou assurer la sécurité.
Après un très beau couché de soleil, la nuit s’installe. Nous allumons les feux de navigation et suivons l’avancement de nos voisins grâce à leurs feux.
La fatigue commence à se faire sentir. Le bateau ne se prête pas vraiment à passer une nuit confortable. Sylvie essaye de trouver un peu de sommeil. Le froid, l’humidité, la position ne sont pas facile à gérer. Un petit somme, peut être, et les yeux sont ouverts. Laurent en profite pour récupérer à son tour. Avec son expérience, il arrive à s’allonger et trouver le sommeil dans l’instant. On entend même quelques ronflements! 20 minutes plus tard il se réveille et analyse la situation.
On se passe la barre à tour de rôle. Le vent est redevenu calme mais présent. Le bateau avance doucement et régulièrement. Au milieu de la nuit nous arrivons près d’une pointe. Le vent faiblit. Il ne reste plus grand chose!! Un bateau est à 2 longueurs devant nous. il commence à reculer emporté par le courant. Nous sommes pris dans la même dynamique avant de trouver un peu de vent quelques minutes plus tard.
Au petit matin, le ciel semble enclin à se dégager. Les yeux restent difficilement ouverts. Des surprises commencent à nous remonter. Nous ne trouvons pas de solution. Faut-il rejoindre la côte? repartir au large? nous prenons cette dernière option. Finalement, malgré deux ou trois tentatives de contrôle visuel, nous décidons de passer une corde sous la coque dès fois que … un gros paquet d’herbe se détache et file dans notre sillage! Vers 10h nous parvenons enfin à stabiliser notre vitesse par rapport aux surprises et autres bateaux à notre niveau. Laurent est plus que jamais à l’affût de la moindre risée et surtout à l’écoute de la vitesse du bateau. La ligne d’arrivée semble loin encore. Le soleil commence à chauffer. Cela fait du bien après cette longue nuit à la belle étoile. La voilà enfin cette ligne d’arrivée entre la cabine et et la bouée! Et pour le plaisir, cela fait bien 1 mile que l’on bataille avec un surprise et qu’on a réussi à remonter et dépasser avant de passer la ligne devant lui!
Le soleil chauffe de plus en plus. Le temps d’arriver au ponton et de ranger un minimum, les voiles, les affaires, les bouts et se mettre un peu à l’aise, il commence à cogner fort le bougre.
Nous rejoignons l’espace course et le club ou nous savourons un bière et un bon plat de pates chaudes dans une véritable assiette! C’est chouette une belle organisation comme celle là!
Le temps est venu de remettre le bateau sur la remorque et démater pour se préparer à reprendre la route le lendemain.
Un petit tour à l’hôtel pour prendre une bonne douche s’avère appréciable autant que nécessaire. La fatigue se fait à nouveau sentir et nous prenons notre temps. Un peu trop même… de retour au port, nous assistons à la fin de la remise des prix. Habituellement les classes des petits bateaux sont cités à la fin. Vu le nombre de bateau qui nous ont remonté au petit matin je n’ai pas le sentiment d’avoir fait un bon classement. Visiblement, nous avons raté les annonces concernant notre catégories.
Nous prenons un verre et repartons à l’hôtel pour récupérer avant de reprendre la route le lendemain. C’est par les amis et sms que j’apprends les résultats le lendemain!
132ème au général, 54ème au compensé et 3eme des TCF4!Un ami qui nous suivait sur le live nous envoie une copie d’écran : nous avons avancé jusqu’à 19,2 noeuds! bien au delà de ce que j’avais estimé…
Dommage que l’on ne puisse rejouer le live à postériori…
Bref, le bateau n’a pas à rougir face à la concurrence!
En tout cas, un énorme merci à mon équipage, à Laurent pour la confiance, les conseils judicieux, à Sylvie pour sa vaillance à bord dans ces conditions particulières.
Une chose est sûre, cette édition, toute particulière a-t-elle été, me donne envie de revenir l’an prochain. Serez-vous avec nous?
PS : A toi Laurent pour nous relater la course selon ton point de vue!
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