Le compte-rendu vous est cette année offert par Mathieu Pouillaude fils d’Eric (Groquik) embarqué pour le National avec Stéphane Manier sur Jabadao.
“Pourquoi ké veut pas rentrer dans l’crochet c’te conne ? À jouer les équilibristes sur ce pont avec ce machin qu’il faut mettre sur l’écoute de spi je vais finir par me casser la gueule.
- Tiens ton tangon par le milieu d’une main et de l’autre enfile l’écoute.
Heureusement que Martin est là pour m’aider. Parait qu’il est moniteur aux Glénans, sur la base de l’ile d’Ars. En tout cas c’est un menhir ce mec. Calme, pas un mot, debout à tirer sur son spi comme si c’était la laisse d’un chien. L’a qu’à filer doux le spi ! Ça claque, ça booste !
- Faudrait peut-être affaler et aller sur la ligne de départ !
Stéphane est là pour nous rappeler à la réalité : on est en régate ! Ça se rentre comment ce machin ? Bon, bref, c’est fait. Mais c’est qu’on est loin ! En s’entrainant on a oublié de rester près du bateau comité ! Oh là là ! Ils sont tous loin. On passe la ligne. Stéphane annonce :
- 4’ de retard ! Si on évite la cuillère de bois on aura de la chance !
Du coup tout le monde se tait. Même pas besoin de regarder s’il y a des tribords. La brise est jolie. Ça monte peu à peu. On se rapproche des derniers. Super on en dépasse un puis deux. Merde c’est Papa ! Il va être furax. J’ai pas intérêt à la ramener ce soir au camping. On échoue dans le tableau arrière d’un troisième. Tant pis.
Pas le temps de souffler. Le vent monte encore un peu. On repart. Je ne sais pas comment on fait mais on est deuxième à la bouée au vent. Martin est toujours aussi calme. Peu de mots, un sourire à peine esquissé. Et une écoute de spi qu’il maîtrise comme la longe d’un cheval rétif ! Un menhir j’vous dit ! Le plus incroyable c’est qu’on reste à notre place. Stéphane a l’air ravi. Les cadors de la série sont derrière. Devant c’est Laurent, celui qui a maté l’orage du lac Léman avec Papa et Sylvie. Son équipier c’est Guy, l’ancien président de l’asso qui nous reçoit ce soir dans sa maison.
- C’était une manche pour les gros nous dit Guy en arrivant sur le ponton.
C’est vrai qu’ils sont enrobés les bébés. Et Stéphane aussi est plutôt rondouillard. Demain on annonce du petit temps. On verra. En tout cas c’est sacrément serré ! Les 4 premiers se tiennent en 2 points. Devant c’est encore Jean-Denis, celui qui a gagné « Le Crouesty » par KO. Paulo, son équipier, a annoncé qu’il allait se marier. Du coup les copains lui ont offert une tenue de Superman qu’il a dû enfiler sur le ponton ! J’ai pas bien compris l’allusion. Superman serait un symbole érotique ? Il faudra qu’on m’explique ! En tout cas il a bien marché la première journée mais Erwan, Gilles et les gros sont revenus lors de la deuxième. À leur place je serais à cran ! Mais tout le monde discute gentiment, comme des gentlemen navigateurs, autour d’un gobelet en plastique rempli de bière.
- C’est le seul pot offert par la SNT remarque Loïc. Et c’est à partager avec les voiliers classiques. Et les droits d’inscription sont les plus élevés de la saison. On ne peut pas dire qu’ils se soient défoncés pour nous recevoir.
Pas grave ! Tout le monde ou presque se retrouve le soir même près de la rivière de Crach, là où Guy a sa chaumière. C’est la fête, c’est sympa. Merci Guy !
Dernier jour et petite brise. Assez quand-même pour se tirer la bourre. On se débrouille. Je commence à comprendre et à m’habituer aux manœuvres. C’est pas si compliqué. On est dans le coup. Tiens c’est un nouveau qui gagne la manche. Mathieu Coville. Thierry Melot en a gagné une autre. Et pourtant aucun de ces deux-là ne seront sur le podium. Visiblement c’est très serré ! Le deuxième de cette manche de temps léger c’est… les gros ! Du coup ils prennent la tête du classement général. Comme quoi le poids n’empêche pas le talent. On s’attendait à une autre manche (la 7°) mais le jury en avait sans doute marre. Ah non, il fallait qu’ils soient à l’heure pour la remise des prix des Voiles Classiques. Loïc est furax. Ils nous ont fait plier les gaules aussi sec, c’est à dire sans même un gobelet de bière. Pas une raison pour perdre notre bonne humeur. On est allé fêter la victoire de Laurent Beaurin chez Christian Vernet qui a une superbe propriété cachée dans la forêt à 40km de là. Ça fait plaisir que Laurent, qui est la gentillesse même et Guy qui nous accueille et nous grute royalement gagnent. L’année prochaine, je ne sais pas si je serai là. Le National aura peut-être lieu ailleurs. Il n’y avait que 15 bateaux d’inscrits cette année. Il parait que le calendrier a joué en défaveur de la série. Papa et ses copains du bureau y réfléchissent. J’espère en tout cas qu’il fera aussi beau qu’à La Trinité. Salut à tous. “
Mathieu Pouillaude (avec la complicité de Stéphane MANIER)