Nouvelle dans la série depuis 2 ans, c’est avec curiosité que je me suis rendue à la régate du Bol d’or Mirabaud de cette année 2019.
Arrivée de Londres après une semaine de leadership programme et de soutenance, je me sentais des ailes poussées mais un peu fatiguée… Pour ceux qui ne le savent ce type de formation est là pour vous faire sortir de votre zone de confort !
Samedi 15 Juin : 7.00 du matin ! J’accueille la sonnerie du réveil avec enthousiasme.
Même si le manque de sommeil se fait sentir, Eric et moi sautons du lit, collectons nos affaires dans la chambre pour nous diriger au rez-de-chaussée où nous retrouvons Laurent, déjà bien réveillé.
500 bateaux sont attendus, aujourd’hui sur le lac Léman. Le départ est prévu à 10.00
Nous assurons le petit déjeuner à l’hôtel et apprécions le temps qui se présente à nous. Il pleut déjà à grosse gouttes ! La régate se veut prometteuse… l’équipe garde sa détermination. … croissant, pain au chocolat, jambon, fromage… tout y passe !
20 min plus tard nous sommes dans la voiture, l’appli « Windy » à la main. Le temps semble calme, il y aurait même pétole ! Quelques pointes dans la journée mais rien d’extraordinaire.
Il est 8H30 : Arrivée au bateau et derniers préparatifs… les gens s’amusent, l’ambiance semble bonne enfant, détendue.
Laurent se creuse les méninges…
C’est technique de mettre des piles dans une lampe … pour équiper le bateau de feux de navigation.
Le beau temps est revenu. Première concertation d’équipe sur le fait de poser ou non les lampes avant la course… on sécurise, les lampes sont posées avant le départ.
Eric vérifie 2 ou 3 choses, on est prêt…
09.45 : Largage des amarres !
Un bateau nous remorque, ligne de départ en vue, on se prépare.
Cela fait beaucoup de bateau, 500 bateaux ! C’est beau…
groQuik cherche les bouées de départ. On hésite … Départ donné, on se lance !
Erreur de communication, mauvaise interprétation, le départ est mauvais, on se retrouve bon dernier, voire dans le sens opposé de la course pour arriver à passer la bouée du bon côté.
Demi tour toute ! Les bateaux s’éloignent…Bye, bye …
Très rapidement l’équipe se re-concentre : on est là pour régater ! Eric est à la barre, Laurent observe le plan d’eau, donne des indications : Lofe, Abat.. ; 5 degrés … pas de discussion à bord, on n’est pas là pour papoter !
Les bateaux se rapprochent, les spis se lancent. La vision est spectaculaire, les spis flottent au vent. C’est magnifique toutes ces variations de couleurs.
(Photos de Loris Von Siebenthal)
groQuik va de plus en plus vite. Le Spi en impose!!
Groquick est revenue dans la place !
On se fixe des objectifs ! Tu vois le surprise la bas ? Tu me dis si on le rattrape. Notre objectif étant de le dépasser, je m’installe à l’avant du bateau. Le bateau avance encore plus vite, je me sens telle une figure de proue, allongée sur le pont.
Mon cou en garde quelques séquelles, car la position allongée à l’avant du bateau sur le Foc, Spi lancé devant toute, n’est pas des plus confortable : pour voir l’horizon et suivre les autres bateaux il faut se contorsionner.
Une chance, à ce moment, il fait grand beau !
Nous avançons, le bateau file sur
l’eau à 3 ou 4 nœuds. Au loin et à l’arrière,
on aperçoit bon nombre de spi, tous très gonflés. Certains choisissent la cote
suisse, nous choisissons la cote française.
Le vent est un peu mou mais le bateau avance.
Après quelques heures de navigation, nous regardons la carte et, même si le bateau avance, il nous reste encore beaucoup de chemin… la route sera longue.
Il est midi ! Pause déjeuner !
Eric a tout prévu, sur Groquick, on mange chaud ! Petit salé aux lentilles, pâtes bolognaises etc… un vrai festin. On admire les maisons, toutes plus jolies les unes que les autres.
16.00 H : Le ciel commence à se charger, le vent augmente. La sécurité nous informe que les gilets sont obligatoires et qu’une tempête se prépare. 25 nœuds sont annoncés
Le vent est de plus en plus fort, Eric est à la barre, on avance plus vite que l’orage, les éclairs sont visibles au loin et le ciel est si noire que l’on imagine une pluie dense. Laurent prend la décision de lancer le spi pour prendre de vitesse les autres.
Nous nous éloignons de l’orage, on espère même que celui-ci ne nous touchera pas. Le bateau avance vite, de plus en plus vite…
Le lac s’agite, l’eau frappe le bateau et nous transperce. Les éclairs tonnent, le ciel est sombre.
Le vent augmente de plus en plus. Peu de bateaux sont là. Nous affalons le Spi et continuons sous GV et FOC à vive allure. La vitesse frise les … 19 nœuds.
Le vent tourne, la pluie tombe, les éclairs tonnent.
Nous sommes en plein cœur d’une tempête. Les éléments se déchainent.
La pluie est remplacée par de la grêle.
Le vent est si fort que le bateau risque de chavirer, Laurent se jette sur la grand voile.
Le bateau reste stable.
Eric est à la barre, Laurent donne les consignes. Le bateau file et va à une vitesse exceptionnelle.
Je suis au fond du bateau, je tiens les strappes.
Une pensée pour ma fille que je n’ai pas vue depuis 15 jours, et si …. Je tombais à l’eau ?
J’ai mon gilet, je sais nager… je rationalise. Les choses semblent maitrisées, je suis confiante.
Laurent me demande d’aller mettre les lampes à l’avant. J’ouvre la trappe, prend les lampes et les installe. Tout va bien. Pas de stress.
Je repense à la formation de la semaine passée, sortir de sa zone de confort. Le stress que j’ai vécu, la pression que nous avons eu pendant 4 jours de formation pour viser l’excellence et ne pas décevoir nos sponsors. Je me dis que le stress est bien ridicule au regard de la situation du jour.
J’admire Laurent et la confiance qu’il génère. Ses consignes sont claires et aucune discussion n’est possible. Il est calme, sûr de lui. Il sait ce qu’il fait. L’équipage est serein.
La vitesse est telle que c’est grisant, le bateau surf sur l’eau. On dépasse bon nombre de bateaux. Le vent baisse, Laurent remonte la grand voile et nous demande s’il ne serait pas temps de relancer le spi J ! Je pense que c’était une blague, mais non, un effet de tactique ! Rester concentré, ne rien lâcher, l’objectif d’une régate : gagner J !
On lance le spi, l’allure augmente…. On passe la bouée. Il est déjà 20 h 05, seule la moitié du chemin est passé. Le premier bateau est passé il y a 2 heures.
Laurent envisage toujours de dormir dans son lit… Nous sommes trempés, le froid s’installe, je grelote et je me dis que la nuit va être longue…
Eric et moi nous changeons. Ca va mieux. Le beau temps revient. Le vent est plus faible.
Le soleil se couche, le ciel devient rose. Les bateaux, peu nombreux, avancent. On admire la beauté et le calme du moment.
Nous savourons notre repas.
Le vent tourne, le spi est lancé. La nuit est maintenant là. La lune nous éclaire. Seules quelques lampes nous indiquent la présence d’autres bateaux.
Je somnole sans vraiment dormir; Eric fait de même. Difficile de dormir.
Seul Laurent dormira à bord du bateau d’un sommeil profond. Un scoop ? Il ronfle ! 10 min de sommeil réparateur et notre homme repart.
Le petit plus de la nuit ; une pause sucrée … Pudding pommes cannelle… un vrai délisse ! Eric peut désormais concourir pour top chef !
Au petit matin, je rêve d’un petit déjeuner mais le port est encore loin. Les boissons chaudes ne sont plus chaudes et à part manger du stérilisé, nous n’avons plus rien.
Laurent et moi taquinons Eric en lui indiquant que, sur un bateau, un peu de gâteau sec … c’est cool !
Il est 06H00 du matin ! Arrivée envisagée vers 08H00 !
Je prends la barre à moitié endormie pour relayer Eric. Laurent m’indique +5, -5 … nous sommes toujours dans la course.
Je somnole, j’ai froid. Barrer est pour moi compliqué. Mes virements nous éloignent d’avantage de notre objectif L !
Je repasse la barre à Eric, nous reculonsL. Le courant est plus fort que notre vitesse… Laurent étudie le plan d’eau, ne comprend pas. Il se caresse les cheveux, se creuse les méninges, cherche, se retourne dans le bateau…
Une brise que seul lui sent et le bateau repart … ouf, on avance plus vite que le courant.
Les surprises commencent à nous rattraper alors que nous les tenions loin derrière. On change de bord, on revire… rien n’y fait ! Pas d’algue dans la quille à l’œil nu. Passage d’une corde à nœuds sous la coque et là, un gros paquet d’herbe remonte à la surface dans le sillage du bateau. C’est reparti ! Cap repris on remonte les surprises.
12.00 Heure : On cherche la bouée d’arrivée, elle est là … on l’approche, on la passe … GroQuick est 132 ème !
Encore quelques minutes et nous serons au port ! Je n’arrive plus à tenir éveillé, je voudrai mon lit.
Il fait chaud sur le lac, très chaud …
A notre arrivée, la femme de Laurent nous attend. Laurent se déleste de ses affaires de navigation. Sous sa combinaison de voile, une chemise bleue et un pantalon de couleur rouille. Frais est dispo pour retrouver sa belle ! Emmanuelle, sa femme lui fait d’ailleurs remarquée qu’il est parfait !
Quel séducteur !
Nous allons manger, repas bien mérité et offert par l’organisation. Assiette de pâtes, bolognaise ou carbonara, cela fait du bien.
Alors que je rêve de dormir, on choisit de sortir le bateau de l’eau et de démâter L !
17.00 : les affaires sont pliées. Je suis extenuée et je veux dormir !
Retour à l’hôtel, douche… nous sommes en retard pour la remise des prix L ! Nous manquons le podium sans le savoir… Arrivé 3ème de la catégorie TCF4. Nouvelle apprise le lendemain sur la route par Guy !
Petit repas tranquille et retour à l’hôtel.
21 :00 : Je m’endors, enfin !
Le sommeil est profonds, nous sommes épuisés mais ravie d’avoir pu vivre une telle aventure.
Pour l’année prochaine, nous espérons que plus de Monotypes 750 seront présents.
L’organisation est top, la régate agréable… cela mériterait de l’intégrer au calendrier pour diversifier le type de course.
Pour terminer… Un grand merci à Éric et Laurent sans qui je n’aurai pas pu régater ! Un très beau souvenir. Merci !
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