La famille Monotype 7,50m vue par Paul-Stéphane MANIER

Chers amis

Je voudrais juste prolonger avec vous les quelques réflexions que nous avons échangées au cours de l’Assemblée Générale et de la soirée qui suivit organisée avec tant de soins et de délicatesse par Céline et Christian.

Qu’est ce qui nous réunissait dans ce paradis où l’on s’attendait à rencontrer Wordsworth et Coleridge assis sur la margelle du puits  lancés dans un concours de poésie ? L’amour du bateau ? Du Monotype 7,50 en particulier ? L’estime que nous nous portons ? L’intérêt de ce championnat National ? L’envie de résoudre des équations à paramètres multiples, à la fois physiques et intellectuels ? A chacune de ces questions que je me posais un verre de rosé à la main, j’avais envie de répondre oui. Je sentais aussi qu’il fallait aller un peu plus au fond de cette poly-interrogation.

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La réponse me semble-t-il  pourrait se résumer ainsi. Gagner le « National » compte pour celui qui remporte l’épreuve, pour son entourage et pour ses adversaires. Bien peu de monde en somme. En faisant ce constat je n’ai nulle envie de diminuer l’importance de la victoire de Jean-Philippe, qui a en outre le mérite de nous changer du duo habituel entre Gilles et Erwan (persillé de Guy, Jean-Denis et pardon pour les autres). Car au fond de nous, nous sentons bien que le simple énoncé de ce constat ne reflète pas la valeur réelle de notre implication.

Ce qui fait son prix, c’est l’incroyable mélange qui est le nôtre. Différents de caractères, d’âge, de parcours professionnels, de sexe, de situation sociale, d’histoire personnelle, voilà que nous nous retrouvons régulièrement comme une grande famille. Nous sommes fiers d’avoir battu untel à une manche, heureux du succès de celui qui gagne, honorés de l’échange technique que nous prodigue un troisième, ravis de prêter ce qui manque soudainement à un quatrième, ou d’aider un de ces jeunes qui va bientôt nous tailler des croupières sans remords et sincèrement désolés lorsqu’un incident de course vient abimer une de nos belles machines. Nos régates sont nettoyées de ces rivalités qui assombrissent tant les relations au sein d’une entreprise ou d’un marché. Notre flotte de régatiers est une bulle de plaisir humain préservé.

Mieux : quelle épreuve sportive, quelle activité humaine pourrait rassembler des teenagers et de quasi septuagénaires, des hommes et des femmes, des hauts salaires et des revenus d’étudiants, le tout concourant à chances réellement égales pour une victoire qui ne rapporte rien d’autre que l’estime de ceux qui y ont participé ? Aucune à ma connaissance. Et c ‘est la grande force de notre série. Ces valeurs, cette estime et ce respect de nous tous et de chacun d’entre nous, qui vaut infiniment plus qu’une coupe destinée à plus ou moins long terme à rouiller dans l’oubli d’une étagère.

Au moment où la série va connaître un tournant, moment toujours délicat, je voulais vous faire part de ce qui me motive saison après saisons à vous retrouver sur l’eau, sous le soleil ou dans le froid, rarement à une place d’honneur. Je pense que ces valeurs sont la véritable richesse de notre série et que ce sont elles qui devront être préservées avant tout chose.

Amitiés à tous

Paul-Stéphane MANIER